Fonctionnement de l'Euro

Bonjour, je cherche à comprendre le mieux possible comment fonctionne l’Euro concernant la création et destruction monétaire. Voici ce que j’ai compris pour l’instant, en schématisant:

Les banques créent de la monnaie en grande quantité pour les banques, les États et les grandes entreprises, et en faible quantité pour les autres entreprises et les particuliers. Il y a donc une asymétrie qui privilégie les trois premiers acteurs.

Mais il faut aussi tenir compte de la destruction monétaire, car la monnaie est détruite lorsque les emprunteurs remboursent. Du coup, est-ce que sur le long terme on peut vraiment dire que ceux qui remboursent leurs dettes profitent d’une augmentation de pouvoir d’achat relatif? Je parle des entreprises et des particuliers. Pour les États c’est différent puisqu’ils ne remboursent pas leur dette (ils en remboursent seulement les intérêts).

Au final, si on tient compte à la fois de la création et de la destruction monétaire sur le long terme, ce sont les banques et les États qui se partagent l’intégralité de la croissance de la masse monétaire.

Qu’en pensez-vous?
Est-ce qu’on peut résumer l’Euro de cette façon?

P.S.: Si je suis hors sujet par rapport au forum, dites-le moi et j’effacerai mon message.

Avec le crédit qu’ils ont reçu, qu’est-ce que ces acteurs réalisent vis à vis du reste de l’économie ?

Inso, ces acteurs peuvent s’enrichir par leur activité commerciale grâce au crédit qu’ils ont reçu, mais c’est dans un second temps. Ça ne vient pas seulement de la création/destruction monétaire. Cependant c’est lié, je suis d’accord. Je prépare un schéma pour expliquer le fonctionnement de l’euro et j’en tiendrai probablement compte. Ensuite je ferai un autre schéma pour les monnaies libres (ou du moins harmonistes, selon mon vocabulaire perso) et je mettrai les deux en parallèle pour qu’on puisse les comparer visuellement.

Pas seulement s’enrichir. Il fait aller plus loin dans la causalité. Regarde par la pratique, ceux qui prennent des crédits énormes, qu’est-ce qu’ils en font, qu’est-ce qu’ils achètent…

Je ne sais pas. Tu peux me le dire?

Lorsqu’ils beneficient du credit et achètent une société ils deviennent alors patron… Et se placent en amont de la chaîne monétaire. Ce faisant, les autres individus devront produire des valeurs pour lui, en échange de salaire. Lui doit rembourser les banques, mais en attendant, c’est bien lui qui est devenu propriétaire…

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A noter que c’est aussi valable dans le domaine des particuliers avec l’immobilier, voir Immobilier Danger.

On devine facilement les crédits qui font monter la bulle de façon très forte depuis les années 2000, puis le dégonflement très régulier vers 2011-2012 qui suit le remboursement desdits crédits. Ceci n’est que mon analyse, mais le reflet du code monétaire me paraît criant. :slight_smile:

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@Anoa: Quand tu dis

Les banques créent de la monnaie en grande quantité pour les banques, les États et les grandes entreprises, et en faible quantité pour les autres entreprises et les particuliers.

j’avoue que je me demande bien d’où tu tires ça. Par curiosité, j’ai été voir les comptes annuels d’ING, une banque active en Belgique (oups, comment trahir ses origines :yum:), et de là il ressort qu’en 2014, 28% des crédits octroyés à sa clientèle l’était à des particuliers, contre 10% aux pouvoirs publics et le reste à des entreprises, sans distinction de taille, sur un total de 55 milliards. De plus, elle possède également des créances sur d’autres établissements de crédits à concurrence de 9 milliards, dont un tiers est attribué à des filiales. Ce n’est qu’un exemple pris au hasard, mais en tout cas c’est, à mon avis, loin de correspondre à la description que tu en fais. Donc toute source est la bienvenue :slight_smile:

En te lisant, j’ai l’impression que ce qui t’intéresse n’est pas vraiment le fonctionnement de l’euro en tant que tel, mais plutôt de savoir à qui bénéficie la croissance de la masse monétaire. Comme ça, j’ai envie de répondre: à personne en tant que tel. Par contre, avoir le pouvoir de créer de la monnaie donne un réel avantage aux banques. Je m’explique:
Puisqu’avec une monnaie classique, telle que l’euro, la création monétaire se fait via une opération de prêt, celui qui bénéficie du prêt ne devient pas plus riche, puisqu’il s’endette en même temps. Posséder de la monnaie nouvelle a ici un coût, ce qui n’est pas le cas pour une monnaie libre par exemple, où la création monétaire ‘‘enrichit’’ ses bénéficiaires (les guillemets sont là pour rappeler que ce n’est pas si simple, mais soit :wink: )
Par contre, le pouvoir de création monétaire dans le cadre de l’euro permet, dans une certaine mesure, un enrichissement facile via la présence d’un taux d’intérêt (la différence entre le montant remboursé et prêté constitue alors un profit), mais il ne faut pas perdre de vue que cet enrichissement n’est en aucun cas garanti, puisque le risque de défaut du client existe toujours.
Le principal pouvoir que dénonce la TRM par rapport à la création monétaire classique est celui de décider de qui peut disposer d’argent, et de quand. Même si contracter un prêt n’enrichit pas directement, posséder de la monnaie est une condition essentielle permettant d’être actif dans les échanges et de développer des activités économiques, pouvant éventuellement générer un gain futur. Et il n’y a pas de raison que certaines personnes puissent obtenir plus facilement cet argent que d’autres.

Si jamais tu t’intéresses plus largement à comprendre comment se passe la création monétaire avec l’euro de manière assez concrète, tu pourrais trouver ça intéressant: http://monnaie.ploc.be/notre-systeme-monetaire/ Bon, c’est moi qui l’ai écrit, donc je suis pas neutre si je dis que c’est bien, mais bon… c’est bien, et ça éclaircit les idées :wink: (en tout cas, rédiger ça m’a éclaircit les idées!)

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Il manque le temps dans ce raisonnement, ainsi que le fait, qu’avant le crédit ni la Banque ni l’emprunteur ne possèdent le bien X. Par création monétaire il deviennent co-propriétaires d’un bien contre une promesse future de “rembourser”.

Or donc la propriété P[x,t] de x, prise entre “t” moment de la création monétaire et “t+f” le temps futur, est bien indue pendant tout ce temps. Eventuellement compensée à “t+f” par le “remboursement intégral” et uniquement à partir de là.

Il donc erroné de dire que l’emprunteur et le banquier ne s’enrichissent pas. L’un prend un intérêt sur un bien qui n’appartient au départ ni à l’un ni à l’autre et qu’ils se donnent le droit exclusif de pouvoir s’approprier “pendant une durée de temps f = la durée du prêt”, tandis que l’autre bénéficie de ce bien X, pendant cette même durée, sans aucune légitimité autre qu’une règle de propriété temporaire parfaitement arbitraire représentée par ce système monétaire asymétrique.

On peut voir le cas extrême suivant :

Un homme achète un bien X avec un prêt, remboursable à terme, à 20 ans. Il meurt 19 ans 12 mois et 29 jours après.

Celui qui dira que cet homme ne s’est pas enrichi pendant sa vie, ayant été propriétaire de X, et spécifiquement grâce à la création monétaire aura du mal à tenir sa position.

Prétendre que 20 ans plus tard la revente du bien renflouera le passif bancaire, ne fait que volontairement ou involontairement oublier la variable fondamentale : “20 ans plus tard”, qui s’appelle le temps.

Il semble donc bien que pendant ces 20 ans, le reste de l’économie se retrouve flouée, par un tour de passe passe magique, d’un bien économique X qui lui appartenait pourtant avant l’opération(t) suscitée… Lequel bien a bien été un enrichissement pour l’homme désormais mort, pendant 20 ans de sa vie. Que son bilan soit à zéro et qu’il ne soit plus propriétaire de X dans son cercueil est un argument comment dire… léger ? faible ? malhonnête ? …

Tout ceci étant l’explication du fait qu’un bilan égal à zéro, ne signifie absolument pas “rien”, ce qui est pure illusion, 0 étant un nombre parfaitement relatif.

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Un autre point concernant l’euro et autres monnaie-crédit : le remboursement des crédits.

Ceux-ci pèsent un poids considérable dans le besoin en monnaie de chacun, ils agissent tels un poids supplémentaire qui ralentit considérablement toute progression, et ce malgré le petit coup de boost donné par l’obtention du crédit.

Ces remboursements sont vraiment une plaie, je crois que c’est l’une des choses les plus absurdes du système ! Et le must, c’est quand l’Etat s’endette et fait payer à ces citoyens le remboursement de cette dette alors qu’il pourrait tranquillement laisser la monnaie imbiber l’économie. Non, l’Etat préfère que ce soit à sec.

Je ne sais pas si cette part du système bénéficie à qui que ce soit.

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Cette “part du système” est liée au fameux “bilan en partie double”, qui toujours égal à zéro, permet d’affirmer de manière malhonnête : “puisque 0 = 0, il n’y a aucun enrichissement, étant donné que ce qui a été pris doit être remboursé”… En oubliant volontairement ou involontairement le temps durant lequel ce remboursement s’effectue, et où la jouissance de ce qui a été pris est bien effective comme je l’ai expliqué ci-dessus.

Autrement dit, il y a bien une volonté d’équité à la base, mais c’est l’ignorance de la dimension temporelle qui rend son application sous cette forme comme parfaitement erronée.

Autrement dit, que les hommes naissent, vivent et meurent, en un temps limité, ne rentre à aucun moment dans la réflexion de ce “système”, qui raisonne comme si la vie, l’homme, le temps, n’existaient pas. Pour ce système seules existent des “valeurs”, hors du temps humain, dans un temps abstrait déconnecté de l’homme, et vis à vis desquelles la monnaie ne serait qu’un “reflet”, ne jouant aucun rôle proactif.

Une monnaie qui n’existe pas, qui sert à mesurer +x -x = 0, sans prendre conscience que l’augmentation de “x” localement, bien qu’établissant toujours un même zéro, influe sur l’unité de mesure utilisée, qui n’est rien d’autre que la somme des “x” dans l’espace-temps. Un 0 n’étant alors pas égal à un autre zéro, quand + x - x = 0 ici, et que + 10⁹x - 10⁹x = 0 là, l’ignorance affirme : c’est donc la même chose, 0 = 0, tout va bien.

Pour mieux comprendre de quoi il s’agit, la TRM établit la notion de “champ de valeur”, dont la somme fait bien elle aussi 0, mais 0 ne signifiant rien en soi, sans étudier les éléments dont la somme fait zéro, on ne sait rien du tout.

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Merci pour vos infos et ponts de vue.

Manu j’ai lu ton document, il est très intéressant et précis. C’était un peu ce que j’avais en tête mais pas dans les détails. Aussi je ne savais pas que les réserves bancaires (la monnaie prêtée aux banques privées par les banques centrales) ne comptent pas dans la masse monétaire car ça ne fait pas partie de la monnaie en circulation.

Oui c’est ce que je voulais savoir.

Tu me réponds que ce n’est pas important, que le plus important est le prêt à intérêt que font les banques. Les autres me disent au contraire que c’est important, et que ça l’est même pour les gens qui remboursent leur dette, car entre le moment où ils ont demandé le prêt et le moment où ils remboursent, ils ont bénéficié d’une croissance de masse monétaire (leur pouvoir d’achat a donc un peu monté relativement, si je comprends bien) et peut-être acheté des biens (entreprises, immobilier…) qui leur permettront de rembourser facilement leur dette et de s’enrichir.

Je le tire principalement de cet extrait de la TRM, mais peut-être que je l’ai mal compris:

Cette création monétaire bénéficie essentiellement aux États et aux grandes entreprises quand bien même ils produisent le plus souvent avec des processus dépassés et extrêmement coûteux, des valeurs désuètes et sans intérêt pour 90% de la population. Ce système ne profite qu’à quelques individus privilégiés, et incite à une spéculation incestueuse entre Banques. Le gagnant stocke ses gains, et le perdant se met en faillite, actant ainsi en fin d’opération, une création monétaire centrale sans équilibre. (partie 12.2)

Ce à quoi j’avais ajouté l’idée que les banques créent aussi de la monnaie pour elles-mêmes, sous la forme de titres de dettes qu’elles peuvent utiliser comme de la monnaie. Galuel en parle notamment sur son blog quand il dit “double masse monétaire”. Est-ce que tu connais ça Manu et est-ce que tu penses que c’est à mentionner dans le fonctionnement de l’euro?

Ça fait donc 62% pour des entreprises, 28% pour des particuliers et 10% pour l’État. Alors pourquoi Galuel dit que la création monétaire bénéficie beaucoup aux États? Je m’attendais à trouver un chiffre plus élevé pour les États: une part de création monétaire plus importante.

Utilisation des obligations comme monnaie : exemple par Warren Buffet.

Il ne faut pas croire ce que dit Galuel, il faut vérifier par soi-même, si ce qu’il dit est correct. Notamment tu peux vérifier si ce que dit ce post est correct ou pas.

@Galuel: Pour préciser mon propos: quand je dis “ne devient pas plus riche”, je veux dire ici que tu n’as pas acquis quelque chose sans contrepartie. La contrepartie existe, tu le dis toi-même: la promesse de remboursement future. Et oui, comme tu le soulignes, on peut se servir de ce décalage temporel pour faire profit, tout comme je le mentionne plus loin:

Même si contracter un prêt n’enrichit pas directement, posséder de la monnaie est une condition essentielle permettant d’être actif dans les échanges et de développer des activités économiques, pouvant éventuellement générer un gain futur.

Donc on est tout à fait d’accord, et tu fais d’ailleurs bien de développer et d’insister sur la notion de temps :slight_smile:

@Anoa:

Tu me réponds que ce n’est pas important, que le plus important est le prêt à intérêt que font les banques. Les autres me disent au contraire que c’est important, et que ça l’est même pour les gens qui remboursent leur dette, car entre le moment où ils ont demandé le prêt et le moment où ils remboursent, ils ont bénéficié d’une croissance de masse monétaire (leur pouvoir d’achat a donc un peu monté relativement, si je comprends bien) et peut-être acheté des biens (entreprises, immobilier…) qui leur permettront de rembourser facilement leur dette et de s’enrichir.

Je dis que, dans le système actuel, c’est surtout la capacité à créer de la monnaie qui donne un avantage immense. Le fait que toi tu puisses bénéficier de nouvelle monnaie et pas quelqu’un d’autre crée, par contre, une asymétrie. Mais je ne dirais pas nécessairement un avantage, du fait que, comme dit plus haut, la nouvelle monnaie que tu as reçue vient avec la contrainte du remboursement. Certains sauront donc en tirer des gains énormes, d’autres en subiront les conséquences (surendettement, faillite…).

Pour ce qui est de l’utilisation d’obligations comme monnaie, oui, c’est un fait réel, et c’est un point important à développer. Dans mon texte, je m’en suis tenu à une définition assez stricte de monnaie, car au-delà de ça, il est difficile de tracer une ligne: à partir du moment où quelque chose s’échange de mains en mains facilement, il acquiert un statut de monnaie…

Selon le peu de recherches que j’ai faites, je n’ai pas l’impression que l’État bénéficie tant que ça de création monétaire. Par contre, ce que Galuel montre dans son article, c’est que les États ont un poids énorme dans l’économie européenne, puisque la somme de leurs dettes équivaut à 60% de la masse monétaire. Ça veut donc dire que 60% de la monnaie est passée un jour entre leurs mains (enfin, pas tout à fait, mais soit, c’est l’ampleur qui importe ici) : l’État prélève de la monnaie quelque part quand elle émet l’obligation, puis la dépense ailleurs. Mais il n’a pas directement bénéficié de la création monétaire!

Oui, mais pas uniquement le profit en fin du Δt. Pendant tout le Δt indépendamment du profit ou de la faillite, il y a bénéfice de l’usage du bien. C’est une propriété temporaire, comme un enrichissement temporaire. Mais tout est temporaire in-fine puisque la vie de l’homme est limitée. Il y a donc enrichissement pendant, et éventuellement consolidation ou perte à la fin, mais ne voir que la fin est insuffisante pour analyser le phénomène. Il faut bien faire attention à ça quand on analyse le truc.

Une île à trois, banquier B, emprunteur E, quidam X, E emprunte à B, achète toute l’île sur 40 ans, X travaille pour E pendant 40 ans, faillite ou pas à la fin, il y a un problème pendant Δt = 40 ans.

Mais là tu compares deux emprunteurs E1 et E2 qui s’achèteraient chacun la moitié de l’île. Le problème n’est pas là. Car dans ce cas il y a en effet symétrie d’action, et résultat imprédictible entre E1 et E2. Le problème est vis à vis de X.

Donc là c’est comme si tu disais que B,E1,E2 n’ont pas d’avantage sur X, vraiment ?

Tout à fait d’accord!

Ok, tu as raison, j’ai un peu négligé ça :slight_smile: Je reformule ma pensée comme ceci: oui, avoir accès à la monnaie procure un avantage, mais ce n’est pas pour autant qu’on va mieux s’en sortir que les autres, car cet avantage comporte des risques :wink: (dans le contexte de l’euro en tout cas)

On pourrait dire qu’il existe une probabilité P non nulle de s’en sortir mieux si on a pas accès à la monnaie, avec Px << Pe très certainement, ce que l’on pourra vérifier expérimentalement :wink: