Avec le travail sur la Ğ1v2, beaucoup de spéculations circulent sur le futur de la Ğ1v1. Évidemment, comme il s’agit du futur, il est risqué d’émettre des affirmations et l’on doit se contenter d’hypothèses, mais j’aimerais quand même m’essayer à l’exercice à travers quelques scénarios.
J’ai écrit ce qui suit d’une traite sans me relire, lisez ceci avec la distance nécessaire ! Il est possible que je modifie certains points par la suite en fonction des retours, n’hésitez pas à en faire.
Scénario optimal : une migration réussie
Les pionniers de l’économie libre persévèrent, la toile de confiance Ğ1 continue sa croissance à un rythme constant (+4000 membres / an). L’écosystème Duniter fonctionne sans accroc grâce à quelques optimisations marginales pendant deux ans, la Ğ1 est migrée le 8 mars 2025 sur Duniter v2 et compte alors 16000 membres co-créateurs de monnaie.
Tous les forgerons arrêtent leur nœud v1 pour éviter un hard fork et les utilisateurs sont satisfaits du changement (plus de certifications en piscine, plus de nœud à sélectionner manuellement, confirmation des paiements en 6 secondes, temps de chargement imperceptible, plus de longs mots de passe à taper…).
Confiants dans la stabilité de la v2, nous communiquons largement auprès d’un public plus large qui adhère massivement grâce aux nouveaux outils et à une communication claire. L’économie libre s’étend au-delà des pionniers et entre dans une deuxième phase plus dynamique.
C’est le scénario que je cherche à transformer en réalité.
Scénario catastrophe : le bug critique
Le 14 août 2023, un bug critique survient sur la blockchain Duniter. La plupart des nœuds sont tout simplement à l’arrêt, et ceux qui arrivent à calculer des blocs ne sont plus synchronisés. Les développeurs principaux sont en vacance en randonnée sans internet et sans ordinateur, et les autres ne trouvent pas l’origine du bug. Toute la Ğ1 est figée : plus de nouveaux membres, plus de transactions.
Le bug est particulièrement compliqué à résoudre et le correctif n’est publié que le 21 septembre 2023. Après plus d’un mois d’arrêt, beaucoup d’utilisateurs ont perdu confiance dans le système et se désintéressent. De plus, des détracteurs de la Ğ1 s’emparent de cette panne et associent une mauvaise image au projet.
exemples de bugs précédents :
- Ğ1 en fork : bloc refusé car la transaction utilise des sources inexistantes surement perdue dans la résolution d’un fork
- Bloquage de la Ğ1 du 02/01/2020 dû du fait de la non exclusion d’une identité
- Duniter 1.7.14 : résout les forks de la Ğ1 des dernières semaines
- Duniter v1.7.16 : Bug à l’ajout d’une certification d’un non membre dans le bloc à calculer
- Génération de bloc bloquée due à une transaction ayant "Certifications" en commentaire
- Nouvelle version de Duniter v1.8.2 : Hotfix urgent
Scénario statu-quo : rien ne bouge
Par un mélange de découragement et de désintérêt, tous les contributeurs cessent de travailler sur les outils techniques de la Ğ1. Les utilisateurs se traînent les mêmes bugs sans espoir de résolution, le flux de membre sortant reste important : à quoi bon s’entêter si chaque page met une minute à charger, qu’il faut toujours changer de nœud, que les certifications ne passent pas.
L’économie Ğ1 continue à vivoter avec les personnes qui y croient malgré tout. En 2050, 100 000 personnes auront expérimenté la Ğ1 au total, mais seuls 10 000 membres restent actifs. La plupart des transactions se font sur papier et la blockchain est délaissée. Des petites communautés autonomes subsistent, mais elles sont isolées les unes des autres.
Scénario mixte : communauté divisée
Suite à une mauvaise communication sur la v2, une partie de la communauté Ğ1 s’insurge contre la v2 et décide de continuer en v1 coûte que coûte. Ils sont satisfaits avec les nœuds Duniter 1.8.6, personne ne peut les forcer à les arrêter de toute façon. 20% de la communauté n’ont pas connaissance de la v2 et continuent à utiliser les outils v1, alors que 80% utilise la v2. C’est le hard fork. La toile de confiance est dédoublée, deux versions évoluent en parallèle, les transactions ne sont possibles que sur une branche du fork, ce qui donne deux monnaies et deux communautés : Ğ1v1 et Ğ1v2.
Déjà difficile à comprendre, la Ğ1 devient un bazar absolu, les nouveaux sont perdus car la plupart des tutoriels existants pointent vers la v1 mais on leur dit d’utiliser la v2. Déroutés, ils abandonnent et passent à autre chose.
Scénario tragique : victime de son succès
Grâce à des contenus viraux, la Ğ1 est assaillie de nouveaux. De plus, l’offre alimentaire devient intéressante et pousse de nombreux utilisateurs à choisir la Ǧ1 comme moyen d’échange quotidien. Pour répondre à leur besoin de Ğ1 ils mettent de nombreux services à disposition de l’économie Ğ1 : on peut se loger, parfois payer sa facture d’électricité, et même un accès internet grâce à un réseau associatif résilient. Ce n’est pas le luxe, mais au moins ça marche, et on ne peut pas en dire autant du monde € qui enchaîne crise sur crise, sur fond de durcissement politique.
Malheureusement ce sursaut économique dépasse la capacité maximale du réseau v1. Le nombre maximum de transaction par blocs est vite atteint, les piscines débordent, et les certifications et transactions peuvent parfois attendre des mois avant de passer, si elles ne disparaissent pas mystérieusement !
Par ailleurs, agacés par ce succès, des spammeurs décident de s’attaquer à la Ğ1. Cesium+ et Gchange doivent fermer suite à l’abondance d’annonces frauduleuses qui dépassent la capacité de modération. La plupart des transactions qui passent sont également du spam, et les transactions légitimes se perdent dans la masse. Avec cette charge, il faut une machine surpuissante pour faire tourner un nœud Duniter. Bien loin l’époque où un raspberry pi avec yunohost suffisait.
Les nouveaux utilisateurs n’ont pas conscience du commun numérique et se comportent en consommateur numérique. Il n’y a pas plus d’efforts pour développer Duniter v2, et de toute façon, cela prendrait trop de temps. Suite aux énormes dysfonctionnements, la dynamique s’essougle et l’intérêt pour la Ğ1 passe de mode. La promesse était trop belle pour être vraie, ce n’était qu’une expérience ratée.